Sakineh: une mobilisation signée BHL

Par David Caviglioli
AFP
La mobilisation contre la lapidation en Iran de Sakineh Mohammadi Asthiani.

Ça s’est passé hier, à 20h14. Une tribune intitulée « Il faut empêcher la lapidation de Sakineh » était publiée sur le site de « La Règle du jeu », la revue fondée par Bernard-Henri Lévy. Pas de signature, mais des signataires. Mia Farrow, Ségolène Royal, Rachida Dati. Mais aussi des gens de plume, et pas n’importe lesquels, puisqu’on y compte Elisabeth Badinter, Milan Kundera, Patrick Modiano, Taslima Nasreen, Marjane Satrapi, Jorge Semprun ou Wole Soyinka.

La tribune, qu’on suppute écrite par BHL himself, réclame « le renoncement à toute forme d’exécution, une remise en liberté sans délai » de cette femme de 41 ans, condamnée à mort pour avoir supposément trompé son mari et participé à son assassinat. Elle se termine par : « Pitié pour Sakineh. Pitié pour l’Iran. » Cette anaphore a dû émouvoir l’opinion, puisque l’histoire de Sakineh Mohammadi Asthiani trône désormais au sommet de nos préoccupations.

Il ne s’est pourtant rien passé hier. Qu’importe. « Il faut sauver Sakineh ! », titre le site de France 24. Même injonction chez « Elle ». L’affaire était restée relativement confidentielle mercredi dernier, lorsque la télévision iranienne diffusait des aveux de la malheureuse, semble-t-il obtenus sous la menace. De même il y a quinze jours, lorsque le président brésilien Lula lui a offert l’asile, au nom de l’« amitié » qui le lie à l’Iran. « La Règle du jeu » s’était pourtant fait l’écho de ces rebondissements. Mais c’étaient de simples articles de notre ami Armin Arefi, observateur attentif de la société iranienne. Rien à voir avec la belle tribune bien paraphée de dimanche soir.

C’est donc à BHL qu’on doit cet heureux sursaut. A son savoir-faire, à base de convocation de noms célèbres, de maîtrise du calendrier médiatique. La chose est sans doute indispensable pour « attirer l’attention de la communauté internationale ». C’est bien le but, si l’on en croit l’interview que l’ancien avocat de Sakineh, Mohammad Mostafaei, a accordée à BHL dans « Libération », journal dont le philosophe est membre du conseil de surveillance  et qui consacre sa une et son dossier d’ouverture à l’affaire. Les dernières questions de l’entretien servent au lecteur une justification de cette doctrine médiatico-humanitaire : « Est-ce que ce type de mobilisation est une bonne chose ? » (la réponse est « oui, bien sûr »), « Vous n’êtes pas donc pas d’accord avec ceux qui disent qu’il est plus efficace d’agir en coulisse ? » (la réponse est « non »), « Que pensent les autorités iraniennes de ces campagnes ? » (la réponse est qu’« elles n’aiment pas ça »), « Que pouvons-nous faire (…) pour aider les femmes iraniennes en lutte contre l’obscurantisme ? » (la réponse est « ce que nous faisons là »). On l’espère sincèrement.

D.C./ Bibliobs

4 réponses à “Sakineh: une mobilisation signée BHL

  1. je soutiens de tout mon coeur et de toute mon âme cette femme. Quel pays rétrograde peut il encore exercer cette torture …. et tous ces gens veulent gouverner le monde… on a du souci à se faire. Que tous ces dirigeants soient exterminés.

  2. Il faut lutter toujours lutter contre l’ignorance,l’obscurantisme et…au bout l’horreur.

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