Presse

Miliani Hadj. Universitaire et acteur culturel

Enfermement spatial, ouverture virtuelle

arton125750-33498Défricheur de territoires culturels : tel pourrait être le libellé de la carte de visite de cet intellectuel particulièrement actif.

– Oran est le territoire privilégié de vos recherches, qu’est-ce qui motive votre intérêt pour cette cité ?

– C’est probablement à cause de Camus qui considérait cette ville comme impulsive et superficielle. Comme d’autres chercheurs de ma génération, j’ai cherché à voir ce qui se trame derrière la tranquille pose oranesque et sa rusticité bonne enfant. A travers la musique, la poésie populaire, le théâtre, les films vidéos, j’ai essayé de comprendre ce qui compose l’épaisseur historique et anthropologique des expressions culturelles et sociales de mes concitoyens. Né à Sidi el Houari, descendant de ces chragas qui ont donné des dockers, des syndicalistes, des pêcheurs de haute mer, des cadres de banque, des chefs de zaouias et des stars de la chanson raï comme Khaled, je ne pouvais que m’intéresser aux pulsations culturelles qui composent le puzzle identitaire de la ville.

– Enseignant de français, vous tentez à chaque fois d’aller à contre-courant du programme dispensé aux étudiants de langues étrangères. La provocation qui vous anime est-elle motivée uniquement par le souci pédagogique ?

– C’est moins de la provocation qu’une résistance à la routine. Mais il y a, me semble-t-il, une efficacité pédagogique que tout le monde reconnaît. Quand, à la fin des années 80, je faisais monter des pièces de théâtre aux étudiants d’Oran avec l’aide des comédiens amateurs et professionnels, je ne faisais que donner une proximité sensible au fait théâtral à des étudiants qui ne se consacraient alors qu’à l’étude textuelle. En me délocalisant à Mostaganem, j’ai continué l’expérience jusqu’en 2004, année où furent jouées 19 montages au cours d’un marathon théâtral qui a duré 3 jours, matin et soir. J’ai tenté la même expérience en sémiologie en faisant produire 40 documents audiovisuels entre clips, documentaires et reportages. J’ai arrêté depuis, faute d’une véritable institutionnalisation des pratiques artistiques dans le cursus de formation, et d’une réelle considération de la part des autorités universitaires. Avec l’ouverture d’un LMD en français des médias l’année prochaine, je pense pouvoir lancer avec mes étudiants des ateliers autour de l’écriture de fiction, de la radio, de l’animation de sites internet et de la production numérique.

– Vous n’arrêtez pas d’interroger le Patrimoine immatériel algérien, notamment son versant musical (rap, raï). Etes-vous sûr qu’il vous répondra un jour ?

– Je ne sais si le patrimoine immatériel est en mesure de donner des réponses à nos questionnements. Il n’en demeure pas moins que les musiques contemporaines portent en elles une visibilité culturelle, qu’elle soit territoriale, historique ou symbolique. Le raï m’a permis de chercher à rebours ce qui l’a constitué tout au long du siècle passé et m’a fait découvrir la complexité de la composante culturelle du Maghreb. De même, le rap, bien qu’il puisse apparaître comme une greffe est très caractéristique des hybridations en cours.

– Si on vous parle de l’effet raï, que dites-vous ?

– Cela fait bientôt trente ans que l’appellation « raï » figure dans le paysage culturel. Et cela fait bien 25 ans que le genre agite les gazettes, donne du prurit à certains, alimente les polémiques et suscite tout autant les éloges les plus ronflants que les pires blâmes. Pour un genre dont certains prédisent la disparition chaque année, il faut reconnaître qu’il a l’air plutôt résistant. Je crois que comme les marques génériques, le raï occupe plusieurs positions. Il sert de repoussoir à tous les bien-pensants : les élites autoproclamées, les bigots et les autres. Il demeure une machine à faire du fric pour certains et il est un véritable espace d’inspiration pour les artistes et de sublimation pour ceux qui l’écoutent.

– Être commissaire du festival raï, c’est bon pour la notoriété personnelle ou pour vos recherches sur les patrimoines musicaux traditionnels ?

– C’est plutôt stigmatisant chez les universitaires : « chtih ou rdih ». Sachant le peu de considération de la culture populaire au sein de la gente intellectuelle, il est évident que la « notoriété » est plutôt du côté sulfureux. Il est cependant vrai qu’en mettant la main à la pâte, je m’imprègne davantage du fait musical dans toutes ses dimensions et c’est également une manière de faire de la recherche citoyenne en rendant à ceux sur lesquels je travaille une part de ce qu’ils me donnent.

– Souvent, on vous a entendu dire que la « culture d’appartement » a pris le dessus sur la culture traditionnelle, qu’est-ce qui autorise cette affirmation tranchée ?

– En fait, ce n’est pas moi qui le dis. Beaucoup de théoriciens de la globalisation et de la post-colonisation ont rendu compte de ce phénomène. Entre autres, Appadurai qui a défini les ethoscapes comme caractérisant la dimension des flux culturels. Ce que je considère comme la culture d’appartement, en voie de développement exponentiel chez nous, c’est ce qu’Appadurai décrit comme des diasporas de publics enfermés dans leur petite bulle. Aujourd’hui, avec le suréquipement en matériels multimédia (lecteurs DVD, micro ordinateurs, home vidéo, antennes paraboliques, connexions internet…), une grande majorité de la population se trouve dans une spatialité qui combine enfermement (dans l’espace familial) et ouverture virtuelle sur l’espace-monde. Cela mérite qu’on s’y intéresse autrement que sous le monde de l’enchantement (les NTIC comme la baguette magique !) ou de la diabolisation. C’est le rôle des chercheurs de regarder de plus près ce qui se produit dans ce type de développement, aussi bien par rapport à soi que par rapport au monde.

– Sévit-elle à Oran plus que dans les autres villes d’Algérie ?

– Comme je me déplace un peu dans le pays, je pense que certains espaces sont plus tolérants pour ce qui est des équipements et des modes de consommation. Oran se caractérise par le fait qu’elle dispose d’une industrie du disque et de la duplication qui fait qu’elle est plus tournée vers la production-consommation de musique et de films vidéo. Il faut noter qu’en Afrique, Oran est la deuxième ville, après Kano au Nigéria, connue pour fabriquer des films vidéo à consommation populaire. J’ai identifié depuis 1998 plus de 60 films vidéo à grande consommation. Malheureusement, le piratage est en train de tuer ce qui aurait pu se présenter comme une manière de « Bledwood » à l’oranaise.

– Pour un romancier, écrire c’est ouvrir un dialogue avec le lecteur. Pour vous, qui écrivez sur les romanciers, quelle est la finalité ?

– Étudier des œuvres littéraires et enseigner la littérature sont des actes de même portée même s’ils ne sont pas de même nature que le travail de l’écrivain. Il s’agit, tout à la fois, de dialoguer et de transmettre un état des savoirs sur ce domaine. Mais c’est davantage un travail de médiation qui consiste à relier les créateurs avec leurs différents types de lecteurs (avertis, étudiants, journalistes, lecteurs non-avertis). Il est incontestable que la critique universitaire ne prétend pas au jugement de valeur mais aide à éclairer autant l’écrivain que celui qui le lit.

– Que dites-vous, homme de lettres, de la langue du SMS ?

– La langue des SMS est avant tout un moyen dont la finalité est la communication sociale. Il y a donc très peu de rapports avec la langue littéraire. Certains puristes déplorent cet usage massif qui nuirait selon eux à la maîtrise de la langue au plan de l’orthographe et de la syntaxe. Il semble néanmoins qu’il y a dans les SMS une dimension ludique, symbolique, voire poétique, qui n’est pas négligeable. Sachez qu’aujourd’hui se développent sur le réseau des mobiles aux USA et au Japon des forums littéraires importants. Il faudra bien un jour s’y intéresser.

– Et la langue du juron et de l’insulte que vous avez d’ailleurs étudiée ?

– Les expressions culturelles ne sont pas que de l’ordre de l’admis. Ainsi on peut voir, à travers l’usage de l’insulte, des conduites symboliques profondes et des unités culturelles assez stables par exemple pour l’ensemble du Maghreb quelque soit d’ailleurs la langue maternelle (derja ou tamazigh). Les univers de la représentation du féminin et du masculin, les rapports de parenté et de lignage, les configurations de l’altérité ou la sédimentation historique sont identifiables là où, pour beaucoup, il n’y a qu’une expression non tolérée.

Par Bouziane Benachour

********************************************************


Edition du 20 septembre 2008- L’info. au quotidien>Régions

Chlef : Rencontre autour de Mèjnoun, dernier roman de Bouziane Ben Achour

C’est dans la nouvelle salle de cinéma, relookée avec goût, et sous le patronage du P/APC de Chlef qu’a eu lieu, jeudi, une soirée littéraire avec la présentation du nouveau roman « Mèjnoun » du journaliste, écrivain et dramaturge Bouziane Ben Achour, en présence des professeurs Hadj Miliani, chercheur et enseignant à l’université de Mostaganem et spécialiste du patrimoine immatériel, et Ould Larbi, spécialiste en médecine qui a formé des générations entières de gynécologues.

Il y avait aussi dans la salle le président de l’APC de Chlef, de simples citoyens, des amoureux des lettres, des écrivains, des médecins et des journalistes ainsi que des membres du conseil communal de la culture de l’APC de Chlef, dont M. Houari Abdelkrim. L’auteur a indiqué que son ouvrage est un essai dans l’art de « libérer mon écriture et d’écrire différemment de l’homme de théâtre et du journaliste que je suis ». Il a fait savoir que l’histoire de « Mèjnoun » tourne essentiellement autour d’un homme qui a décidé un jour de ne plus parler. « En fait, je raconte l’histoire des petites gens qui n’ont pas chapitre à la parole, des sans voix qui rasent les murs, des gens humbles qui sont marginalisés », dira-t-il à propos de son nouveau roman. Abondant dans le même sens, le professeur Hadj Miliani, qui suit de près l’évolution de la carrière de l’écrivain, a longuement parlé des qualités de cette dernière livraison et des autres publications ayant trait notamment à l’art de la scène et du patrimoine musical algérien.

« En tant que critique du théâtre, Bouziane Ben Achour est pour moi une référence rare dans le domaine de l’art dramatique. A côté de ses contributions à l’écriture de l’histoire du théâtre et de la musique algérienne, il a réalisé un excellent parcours dans l’écriture romanesque », déclare-t-il avant d’inviter tous les acteurs du secteur à s’intéresser de près à notre riche patrimoine traditionnel et oral. Lui succédant, le professeur Ould Larbi a fait part du « plaisir renouvelé qu’il ressent en lisant les ouvrages de Bouziane Ben Achour, dont le dernier en date est une expérience réussie dans l’écriture romanesque », a-t-il indiqué. La présentation de « Mèjnoun » et des autres œuvres de l’auteur a été suivie d’intéressants débats entre les principaux animateurs de la soirée littéraire et les intervenants, parmi lesquels des citoyens, des journalistes et écrivains de la région. Une vente dédicace du nouveau roman a été organisée à la fin de la rencontre qui, de l’avis de tous, a connu un franc succès.

Par A. Yechkour

© El Watan.2008

***********************************


Edition du 18 mai 2008- Epoque

Et si on baptisait la médersa Mohamed Bencheneb ?

La medersa d’Alger a connu, jeudi dernier, un fait inédit par une journée thématique centrée sur le savant Mohamed Bencheneb, professeur émérite dans cet établissement jusqu’à son décès en 1929.

Un espace bibliothécaire a été consacré à ses œuvres où plusieurs publications ont été exposées à un public nombreux venu en la circonstance. Après une remémoration évocatrice de l’œuvre et du parcours du penseur universaliste, hélas méconnu dans son pays, prononcée par Aït Aoudia Lounis, président de l’association des Amis de la rampe Louni Arezki, un moment fort a été vécu avec la fixation symbolique d’un superbe portrait du savant Bencheneb dans l’enceinte de la medersa, qui, selon les vœux de tous, portera un jour le nom prestigieux de celui qui a grandement œuvré pour le rayonnement de la personnalité et de la culture algériennes. En marge de cette visite, une cérémonie de recueillement a été observée sur la tombe du défunt au mausolée Sidi Abderahmane, où une gerbe de fleurs a été déposée par le grand maître de la musique andalouse Sid Ahmed Serri. La famille Bencheneb était présente en la personne de Mme Souad Bencheneb arrière-petite fille du penseur, qui a promis de réunir les documents et les manuscrits en la possession de la famille pour les transmettre au chercheur Hadj Miliani spécialiste de l’érudit penseur. Notons que le ministère de la Culture était représenté par Slimani Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistorique anthropologique et historique (Cnrpah). L’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés a lui aussi pris une part active à la réussite de cette journée…

Par R. D.

© El Watan.2008

************************************

Edition du 17 mai 2008-Alger Info

La médersa Thaâlibia (Casbah) : Hommage à Mohamed Bencheneb

La médersa El Thaâlibia : rares sont ceux qui en connaissent l’origine, bien que ses dômes badigeonnés en noir soient visibles de loin, sur le flanc ouest de la Casbah. Mitoyen du mausolée du saint patron d’Alger Sidi Abderrahmane, l’édifice inauguré en 1904 abrite aujourd’hui les bureaux de l’Office national de l’enseignement et de la formation à distance (ONEFD).

Ouverte par l’administration coloniale à ceux qui se destinaient aux études juridiques, la médersa deviendra le lieu de la subversion nationaliste. L’endroit n’est pas « un lieu désincarné, mais celui où se rencontrent des médersiens liés par le savoir », fera remarquer hadj Meliani de l’université d’Oran. Il fut à cet effet cet espace où ont pu émerger des acteurs de la révolution et ceux qui auront à prendre en main plus tard les destinées de l’Algérie indépendante. Reste que cette fois-ci, l’Association des Amis de la Rampe Louni Arezki (ex-Valée), a pris l’initiative, en collaboration avec l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés, de rendre hommage, jeudi dernier au palais El Menzeh, à celui qui reste la figure tutélaire de la médersa d’Alger : Mohamed Ben Cheneb Mohamed (1869-1929). Originaire de Médéa où a été d’abord menée l’expérience de la médersa. Bencheneb entra à l’Ecole supérieure de Bouzaréah et en sortira professeur d’arabe. Polyglotte confirmé, il saura gravir les échelons jusqu’à devenir enseignant à l’université d’Alger et aura à damer le pion à ceux des orientalistes. Hadj Miliani fera remarquer que Bencheneb a su faire le pied de nez à la tradition des copistes en choisissant de publier ses écrits, faisant sortir ainsi le savoir traditionnel du cercle restreint des élites. Les rapports avec l’establishment colonial et les islahistes de Ben Badis ne furent pas de tout repos. Le style d’architecture de la médersa, sise au 43 rue Bencheneb, fut aussi au centre des discussions des invités. Le secrétaire général de l’association relève que c’est le gouverneur général français Jonnart qui a pris l’initiative de construire l’édifice de la rampe, donnant naissance au courant néo-mauresque. Les uns rappelleront les visées « désarabisantes » de la France alors que hadj Miliani assure qu’il ne faut pas trop « en rajouter » puisque le colonialisme avait aussi d’autres objectifs économiques. M. Aït Aoudia, membre de l’association, fera remarquer que les jeunes ignorent l’homme de culture et n’en connaissent que le nom. Pour cela, il a été décidé d’accrocher son portrait dans l’espace central de la médersa et de déposer une gerbe de fleurs sur sa tombe dans la cour de la mosquée Sidi Abderrahmane. M. Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), assure par ailleurs que le ministère de la Culture compte rééditer les écrits de ce savant qui légua plusieurs ouvrages à la postérité.

Par Nadir Iddir

© El Watan.2008

*************************************

Etiques populaire et langage générationnel : Billal chantre des Hittistes et des Haragas

Colloque de Sociolinguistique urbaine sur le thème : « Langues et musique, pratiques urbaines plurielles »
Table ronde numéro 2. Mardi 17 avril 2007
« Musique et échanges transméditerranéens » / ici-là-bas.
Modérateur : Cyril Trimaille
Présentation par Hadj Miliani, Université de Mostaganem, Algérie

*******************************

Edition du 14 juin 2007- Arts et Lettres

Hadj Miliani. Enseignant en littératures comparées
« Regarder de plus près »

Raï, rap, littérature, SMS, poésie, vidéos, théâtre, ordinateurs, insultes… Tous les langages intéressent ce chercheur qui porte un regard neuf sur les pratiques culturelles.

Oran est le territoire privilégié de vos recherches universitaires. Qu’est-ce qui motive précisément cette option ?

C’est, probablement, à cause de Camus qui considérait cette ville comme impulsive et superficielle. Comme d’autres chercheurs de ma génération, j’ai cherché à savoir ce qui se tramait derrière la tranquille pose oranesque et sa rusticité bon enfant. A travers la musique, la poésie populaire, le théâtre, les films vidéo, j’ai essayé de comprendre ce qui compose l’épaisseur historique et anthropologique des expressions culturelles et sociales de mes concitoyens. Né à Sidi El Houari, descendant de ces Chragas qui ont donné des dockers, des syndicalistes, des pêcheurs en haute mer, des cadres de banque, des chefs de zaouïas et des stars de la chanson raï comme Khaled, je ne pouvais que m’intéresser aux pulsations culturelles qui composent le puzzle identitaire de la ville.

Enseignant de français, vous allez souvent à contre-courant du programme général dispensé aux étudiants des langues étrangères. Est-ce par provocation et esprit de fronde ou par souci pédagogique ?

C’est moins de la provocation qu’une résistance à la routine. Mais il y a, me semble-t-il, une question d’efficacité pédagogique que tout le monde reconnaît. Quand à la fin des années 1980, à l’université d’Oran, je faisais monter des pièces de théâtre par les étudiants avec l’aide de comédiens amateurs et professionnels, je ne faisais que donner une proximité sensible au fait théâtral à des étudiants qui ne l’abordaient alors que par l’étude textuelle. En me délocalisant à Mostaganem, j’ai continué l’expérience jusqu’en 2004, année où furent joués 19 montages au cours d’un marathon théâtral qui a duré trois jours, matin et soir. J’ai tenté la même expérience en sémiologie en faisant produire 40 documents audiovisuels entre clips, documentaires et reportages. J’ai arrêté depuis, faute d’une véritable institutionnalisation des pratiques artistiques dans le cursus de formation et d’une réelle considération de la part des autorités universitaires. Avec l’ouverture, l’année prochaine, d’un LMD (licence-magister-doctorat) en français des médias, je pense pouvoir lancer des ateliers autour de l’écriture de fiction, de la radio, de l’animation de sites Internet et de production numérique avec mes étudiants.

Vous n’arrêtez pas d’interroger le patrimoine immatériel algérien et notamment son volet musical : rap, raï… Etes-vous sûr qu’il vous répondra un jour ?

Je ne sais pas si le patrimoine immatériel est en mesure de donner des réponses à nos questionnements. Il n’en demeure pas moins que les musiques contemporaines portent en elles une visibilité culturelle, qu’elle soit territoriale, historique ou symbolique. Ainsi, le raï m’a permis de chercher à rebours ce qui l’a constitué tout au long du siècle passé et m’a fait découvrir la richesse et la complexité de la composante culturelle du Maghreb. De même, le rap, en dépit du fait qu’il peut apparaître comme une greffe, se montre très caractéristique des hybridations en cours.

Si l’on vous parle de l’effet du genre raï, qu’est-ce que vous en dites ?

Cela fait bientôt trente ans que l’appellation « raï » figure dans le paysage culturel. Et cela fait bien 25 ans que le genre agite les gazettes, donne du prurit à certains, alimente les polémiques et suscite tout autant les éloges les plus ronflants que les pires blâmes. Pour un genre dont certains prédisent la disparition chaque année, il faut reconnaître qu’il a l’air plutôt résistant. Je crois que, comme les marques génériques, le raï occupe plusieurs positions. Il sert de repoussoir pour tous les bien-pensants : les élites autoproclamées, les bigots et d’autres sans doute. Il demeure une machine à faire du fric pour certains et il est un vrai espace d’inspiration pour les artistes et de sublimation pour ceux qui l’écoutent.

Etre commissaire du festival de la musique raï d’Oran, est-ce bon pour la notoriété personnelle ou bon pour vos recherches sur les patrimoines musicaux traditionnels ?

C’est plutôt stigmatisant chez les universitaires qui peuvent y voir du « chtih ou rdih » (NDLR : de la danse et du gigotement, expression populaire péjorative). Sachant le peu de considération de la culture populaire au sein de la gent intellectuelle, il est évident que la « notoriété » est plutôt du côté sulfureux. Il est, cependant, vrai qu’en mettant la main à la pâte dans l’organisation du festival, je m’imprègne davantage du fait musical dans toutes ses dimensions. C’est, également, une manière de faire de la recherche citoyenne en rendant, à ceux sur lesquels je travaille, une part de ce qu’ils me donnent.

Très souvent, vous avez affirmé que la culture d’appartement a pris le dessus sur la culture traditionnelle. Qu’est-ce qui fonde cette affirmation pour le moins tranchée ?

En fait, ce n’est pas moi qui le dis. Beaucoup de théoriciens de la globalisation et de la post-colonisation ont rendu compte de ce phénomène. Entre autres, Arjun Appadurai (NDLR : sociologue culturaliste d’origine indienne de l’université de Chicago) qui a défini les ethoscapes comme caractérisant la dimension des flux culturels. Ce que je considère comme la culture d’appartement, en voie de développement exponentiel chez nous, c’est ce qu’Appadurai décrit comme des diasporas de publics enfermés dans leur petite bulle. Aujourd’hui, avec le suréquipement en matériels multimédia, lecteurs DVD, micro-ordinateurs, home-vidéo, antennes paraboliques, connexions Internet, une grande majorité de la population se trouve dans une spatialité qui combine enfermement (dans l’espace familial) et ouverture virtuelle sur l’espace-monde. Cela mérite qu’on s’y intéresse autrement que sous le mode de l’enchantement (les NTIC comme baguette magique !) ou celui de la diabolisation. C’est le rôle des chercheurs de regarder de plus près ce qui se produit dans ce type de développement aussi bien par rapport à soi, je veux dire à l’intérieur de notre société, que par rapport au monde.

Cette culture sévit-elle à Oran plus que dans d’autres villes d’Algérie ?

Comme je me déplace un peu dans le pays, je pense que certains espaces sont plus tolérants pour ce qui est des équipements et des modes de consommation. Oran se caractérise par le fait qu’elle dispose d’une industrie du disque et de la duplication qui fait qu’elle est plus tournée vers la production/consommation de musique et de films vidéo. Il faut noter qu’à l’échelle de l’Afrique, Oran est la deuxième ville connue, après Kano au Nigeria, pour la fabrication de films vidéo à consommation populaire. J’ai identifié, depuis 1998, plus de 60 films vidéo à grande consommation. Malheureusement, le piratage est en train de tuer ce qui aurait pu se présenter comme une manière de « Bledwood » à l’oranaise.

Pour un romancier, écrire c’est ouvrir un dialogue avec le lecteur. Pour vous, qui écrivez sur les romanciers, votre dialogue a-t-il la même finalité ?

Etudier des œuvres littéraires et enseigner la littérature sont des actes de même portée, même s’ils ne sont pas de même nature que le travail de l’écrivain. Il s’agit tout à la fois de dialoguer et de transmettre un état des savoirs sur ce domaine. Mais, c’est davantage un travail de médiation qui consiste à relier les auteurs avec leurs différents types de lecteurs (avertis, non avertis, étudiants, journalistes). Il est incontestable que la critique universitaire ne prétend pas au jugement de valeur mais aide à éclairer autant l’écrivain que celui qui le lit.

Que dites-vous, en tant qu’homme de lettres, de la langue du SMS ?

La langue des SMS est avant tout un moyen dont la finalité est la communication sociale. Elle a donc très peu de rapports avec la langue littéraire. Certains puristes déplorent cet usage massif qui nuirait, selon eux, à la maîtrise de la langue au plan de l’orthographe et de la syntaxe. Il semble, néanmoins, qu’il y a dans les SMS une dimension ludique, symbolique, voire poétique, qui n’est pas négligeable. Sachez, qu’aujourd’hui, aux USA et au Japon, se développent des forums littéraires importants sur le réseau des mobiles. Il faudra bien un jour s’y intéresser.

Et la langue du juron et l’usage de l’insulte que vous avez également étudiés ?

Les expressions culturelles ne sont pas de l’ordre de l’admis. Ainsi, on peut voir, à travers l’usage de l’insulte, des conduites symboliques profondes et des unités culturelles assez stables, par exemple pour l’ensemble du Maghreb, quelle que soit d’ailleurs la langue maternelle (derja ou tamazigh). Les univers de la représentation du féminin et du masculin, les rapports de parenté et de lignage, les configurations de l’altérité ou la sédimentation historique sont identifiables là où, pour beaucoup, il n’y a qu’une expression non tolérée.

BIO-EXPRESS

Né à Oran, en 1951, Miliani Hadj est un intellectuel oranais très actif sur les territoires de la culture locale. Membre d’une troupe de théâtre amateur et animateur du Ciné-populaire pendant 15 ans, il a été parallèlement membre permanent du comité de rédaction de la revue Voix Multiples (1981-1986). Syndicaliste universitaire, directeur de recherche associé au CRASC, président du conseil scientifique de la Faculté des lettres et des arts de l’Université de Mostaganem, il est membre du réseau AUF sur la diversité culturelle, coresponsable du pôle ouest de l’Ecole doctorale de français et commissaire du festival national de raï. Il a publié l’Aventure du raï. Musique et société (en collaboration avec Bouziane Daoudi), Essai, Paris, Ed. Seuil, (1996) ; Une littérature en sursis ? Le champ littéraire de langue française en Algérie (1970-2000), Paris, Ed. L’Harmattan (2002) ; Beur’mélodie. Cent ans de musique maghrébine en France, (en collaboration avec Bouziane Daoudi), Paris/Biarritz, Ed. Séguier, (2003) ; Sociétaires de l’émotion. Etudes sur les chants et musiques d’Algérie d’hier et d’aujourd’hui, Oran, Ed. Dar El Gharb (2005). Il a préfacé également la réédition du roman Zohra d’Abdelkader Hadj Hamou, parue à Dar El Gharb, cette année.

Par Bouziane Benachour

© El Watan.2008

******************************

Edition du 2 juin 2007-Culture

Béchar-Festival de la musique gnaouie.

Un riche patrimoine à explorer

Toutes les musiques subissent à travers les temps des mélanges quelles que soient leurs origines. Parlant de la musique et du chant gnaouis, il indique qu’il y a eu, au départ, une migration des premières populations noires du Sud vers le Nord pour s’y installer.

« Doit-on définir pour autant ces musiques qui ont envahi ces régions comme étant celles du Nord ? », s’est-il interrogé. Et de déplorer le peu de chercheurs qui travaillent sur terrain, en Algérie, pour exhumer et explorer ce patrimoine immatériel d’une richesse inouïe. « D’autres le font, malheureusement, à notre place », a-t-il ajouté. Et d’étayer son affirmation par l’exemple du patrimoine musical des Touareg qui fait actuellement l’objet d’une exploration de la part des chercheurs allemands. Pourquoi le patrimoine des Touareg attire-t-il tant les Occidentaux ? Ce choix est, selon lui, ciblé. Pour le chercheur algérien, il est indéniable que la pratique de la musique confrérique est à l’origine des musiques modernes à partir du moment où elles sont sorties de leur espace territorial dans lequel elles étaient confinées. De même, souligne-t-il, que les chanteurs ambulants du XIXe siècle sont à l’origine du rythme gnaoui qui a été par la suite popularisé. Toujours dans le registre de la musique du Sud, Hadj Miliani déplore le peu d’intérêt accordé au chant et à la musique nomades, un patrimoine en voie de disparition, note-t-il. Cet aspect rituel de la musique traditionnelle n’a pas été préservé et disparaîtra certainement pour laisser place à des styles musicaux qui vont fusionner et s’orienter vers une professionnalisation. Pour le chercheur Rabeh Sebaâ, directeur adjoint à la Bibliothèque nationale, le mot gnaoui est tellement perverti, galvaudé qu’il faut lui redonner un sens et le situer dans la symbolique de l’imaginaire maghrébin. Selon le chercheur, les premières traces situant l’origine du mot gnaoui remonteraient au cours de la période du XIIe siècle. Il cite le géographe El Idrissi qui a utilisé dans un de ses ouvrages « el guinaoua » pour désigner d’abord le parler du pays. Le mot serait à l’origine de Guinée et gnaoui ne serait qu’une déformation de Guinée. Au départ, affirme Rabeh Sebaâ, le rite gnaoui est citadin, intra muros, qui se pratiquait dans les enceintes des zaouïas. Le chercheur rejette, ensuite, l’idée erronée assez répandue dans les milieux populaires selon laquelle la confrérie gnaouie remonterait à Bilal, compagnon du Prophète (QSSSL) et qui serait le fondateur de cette confrérie. Les partisans de cette thèse veulent, dit-il, se réclamer d’une appartenance symbolique. Mais, ce que l’on constate aujourd’hui, affirment les deux chercheurs, c’est qu’il y a plusieurs altérations dans les pratiques musicales et leur contenu, qui n’ont rien à avoir avec le genre gnaoui. Il faut faire la distinction entre la notion de fusion, qui intègre les multiples apports musicaux dans le chant inexorable et enrichissante, et le mélange qui n’apporte rien de positif au chant gnaoui.

Clôture en apothéose

Le Festival de la musique gnaouie s’est achevé dans l’apothéose. Combien étaient-ils jeudi, dernière journée du Festival au stade Nasr ? Cinq mille ? Dix mille ? Difficile d’évaluer le nombre d’admirateurs et de supporters qui ont envahi le stade archi-comble pour assister au dernier concert de chant de Hasna Bacharira, leur idole préférée. Ils sont venus de toutes les cités et quartiers de la ville. Et ils ne seront pas déçus. La chanteuse, tant attendue, a galvanisé la foule avec sa première et célèbre chanson El Djaïr Jouhara, une foule composée à majorité de femmes et de jeunes. Trois chansons de Hasna ont suffi pour ébranler les gradins du stade où se mêlaient danses, sifflements et applaudissements nourris, à mesure de la tonalité des sons et de la cadence des refrains de la musique, jouée alternativement sur guitare électrique et guembri par l’artiste et son compagnon. Mais coup de théâtre, le spectacle a été arrêté pour cette dernière journée du Festival vers minuit plutôt que vers 2h comme d’habitude, une frustration inattendue pour ces familles et ces jeunes, mais toutefois tempérée par une note d’optimisme des organisateurs qui ont promis au public la réédition de la fête l’an prochain. Le 1er prix symbolique de participation a été décerné à la troupe de Sidi Blel Mascara, le 2e à la troupe Diwane d’Alger, et le 3e est revenu à Brahim, doyen de la troupe Diwane de Debdaba.

Par M. Nadjah

© El Watan.2008

*****************************


Edition du 14 mai 2007-Culture

Réédition d’un des premiers romans algériens d’expression française
Hadj Miliani fait redécouvrir Zohra

Le livre est formidablement « resitué » dans son époque l’entre-Deux Guerres mondiales et ses tiraillements multiples par Hadj Miliani, enseignant à l’université de Mostaganem.

Il est surtout un repère précieux pour ceux et celles qui tentent de revisiter en sens inverse le parcours de la littérature autochtone dans ses premiers balbutiements et ses promesses imparfaitement exprimées. Le professeur de littérature comparée insiste sur le contexte de la parution de l’œuvre romanesque et s’attarde longuement sur la personnalité de l’auteur, un autochtone lettré en langue française qui aspire à l’intégration dans la culture de l’autre sans renier ses racines philosophiques et culturelles. Le roman relate un itinéraire de vie à deux, contrarié, un échec conjugal sur fond de profondes césures sociales, psychologiques et morales. Zohra et Méliani sont mari et femme dans le déroulement du récit mais aussi et surtout deux témoins archétypes d’une époque charnière qui ne prédit rien de stable si ce n’est la stabilité de l’inquiétude. En arrière-fond, les personnages principaux sont porteurs de sentiments mais aussi acteurs de projets de société dans un territoire largement traversé par de lourdes et ambivalentes aspirations. Accompagnant son argumentaire critique de références précises, le chercheur rappelle, dès le départ, que toute production esthétique est d’abord l’expression de son vécu. Il intervient dans une longue et fouillée analyse pour dater l’œuvre et expliquer sociologiquement et littérairement le contenu de cette œuvre dans ses promesses et ses ambiguïtés. Vigilant sur tout ce qui touche aux dates et aux symboles liés à une fiction porteuse de « vraisemblable social », le présentateur du roman ne veut surtout pas faire de lecture avec les instruments d’analyses et les référents historiques d’aujourd’hui. Il précise que son choix de présenter cet ouvrage est surtout motivé par le besoin insistant de relire nos productions littéraires et redécouvrir « une génération de lettrés et d’intellectuels dans leur lente, pathétique et inégale évolution ». Pour mieux situer le profil de l’auteur du roman, Hadj Miliani explique : « C’est véritablement dans la gueule du loup que Hadj Hamou va tenter inlassablement de figurer à la fois comme un professionnel de lettres et le porte-parole de sa communauté. Même si son aventure littéraire semble se résumer à son unique roman daté de 1925, il est assez intéressant de noter que malgré le handicap d’être le seul musulman membre d’une association d’écrivains, elle-même périphérique à la vie littéraire de la Métropole française. Hadj Hamou va s’efforcer de maintenir un équilibre nécessairement instable entre sa place dans une institution coloniale et son appartenance à une tradition culturelle et religieuse ignorée ou méprisée. »

Par Bouziane Benachour

© El Watan.2008
***********************************

Edition du 1er novembre 2007-Arts et Lettres
Sila. Le Programme
En feuilletant les jours

L’image du Sila reste marquée par son ancêtre, la Foire du livre, où l’on se contentait de vendre et d’acheter. Son programme d’animation mérite pourtant le détour.

LE LIBAN, INVITé D’HONNEUR

Le pays du Levant est aussi un pays du livre. On lui doit les premiers développements de l’imprimerie dans le monde arabe. On lui doit, du fait de la diversité séculaire de ses communautés, des capacités extraordinaires de traduction qui permirent à l’arabe de reprendre langue avec d’autres cultures et sources, après la décadence du monde musulman. On lui doit aussi de grands écrivains, comme le mythique et mystique Khalil Gibran Khalil (1883-1931) dont Le Prophète demeure, à ce jour, l’un des livres les plus traduits au monde. Non moins universel et plus contemporain, Amine Maalouf qui compte en Algérie un fan-club que lui envierait une galerie de supporters. En dépit de toutes ses difficultés, le Liban reste un pays-phare de l’édition dans le monde arabe. . Bravo pour cela mais couac pour l’anonymat des participants à la rencontre qui lui est consacrée (3 nov. à 14 h), le programme signalant comme intervenants « des journalistes et auteurs libanais ». On se doutait bien qu’ils ne seraient ni plombiers ni péruviens.

LES TÊTES D’AFFICHE

Quelques personnalités du monde des lettres seront présentes au SILA. Parmi elles, le grand poète marocain Abdellatif Laabi qui donnera une conférence le jeudi 8 novembre à 15 h. Cet auteur, né en 1942 à Fès, a atteint une envergure internationale indiscutable. Son parcours de contestataire, forgé lors des émeutes de Casablanca, se traduira, un an plus tard, par la création de la revue Souffles qui demeure une expérience unique au Maghreb de revue littéraire et culturelle indépendante. Les numéros de la revue servirent à le condamner en 1973 à 10 ans de prison pour complot. Mais c’est surtout par son écriture limpide et majestueuse, qui s’est étendue aussi au roman, que sa réputation universelle s’est formée. Aujourd’hui, 1er novembre, tout symboliquement, Me Jacques Vergès rencontrera le public à 16h. Il était déjà présent en nos murs la semaine dernière pour la présentation, en avant-première algérienne, du film consacré à sa vie, L’avocat de la terreur de Barbet Schroeder. Ne pas oublier qu’il est aussi un avocat-écrivain, à l’image de notre ancêtre Apulée, et qu’on lui doit près de 25 ouvrages. En robe noire toujours, Me Gisèle Halimi, toujours aussi sémillante, mais cette fois en ses habits de romancière. Auteur d’un remarqué et controversé roman historique sur La Kahena, remarqué roman pour son atmosphère et son succès éditorial et controversé sur divers aspects historiques, dont la judaïté du personnage. Autant de questions à lui poser le 8 nov. à 14 h avec, sans doute, toute la considération qui lui est due pour son engagement admirable pour l’indépendance de l’Algérie. Parmi nos écrivains vivant à l’étranger, ne seront présents qu’Anouar Benmalek, Yasmina Khadra, Amar Lakhous, Waciny Laaredj et Malika Mokeddem.

DéFeCTIONS ET SIGNIFICATIONS

Le grand islamologue algérien, Mohamed Arkoun, dont l’ouvrage Humanisme et Islam sort au cours de ce SILA (Ed. Barzakh), ne viendra pas finalement à Alger expliquer, comme il l’écrit, pourquoi « le champ de l’intellectuel arabe au Xe siècle était plus libre que le nôtre aujourd’hui ». Est-ce cette raison qui aurait motivé son revirement ? Parmi les absents, celui qui était attendu comme une star de la rencontre, l’écrivain égyptien Ala Al Asswany, que son roman L’immeuble Yacoubian, transposé au cinéma, a propulsé au devant de la scène littéraire mondiale. Pour ces défections de dernière minute, les deux ont invoqué, selon une source proche à l’organisation du SILA, des « raisons strictement personnelles ». Au delà du fait, il est certain que la qualité d’un Salon du livre ne se mesure pas au nombre de personnalités présentes. Il reste que la présence ou l’absence de têtes d’affiche relèvent le degré de notoriété d’un Salon. Cela peut signifier notamment que si la participation internationale s’est considérablement renforcée, relevant que l’Algérie est un marché potentiel du livre qui attire les opérateurs étrangers, il lui reste à se forger une image plus forte et plus visible dans la compétition féroce que se livrent les pays et villes organisateurs de rencontres similaires.

LE PRIX DES LIBRAIRES

Mercredi 7 novembre, à 13 h, aura lieu la remise du prix des Libraires, décerné par leur association, l’ASILA. Il doit revenir, cette année, à Rachid Boudjedra, dont l’œuvre magistrale a été reconnue, dès ses débuts, comme un moment dans l’histoire de la littérature algérienne. L’écrivain a signé cette année aux éditions Dar El Gharb (Oran), un roman Hôtel Saint-Georges, tandis que l’ANEP publie onze de ses livres traduits en arabe et disponibles sur son stand au SILA. Il est à noter qu’avec seulement deux prix littéraires notoires, celui des Libraires et le prix Ali Maachi, décerné par le ministère de la culture, l’Algérie fait figure de parent pauvre. N’y-a-t-il pas place en Algérie pour plusieurs prix ? A noter la rencontre Mécénat et prix littéraires par l’association Al Djahidhia et la fondation Mohammed Dib (7 novembre à 14 h).

LES THèMES DU SALON

Placé sous le générique « Libertés et imaginaire » (pourquoi pas de pluriel à imaginaire ?) ainsi que sous les auspices de l’évènement « Alger 2007, capitale de la culture arabe », le SILA développe plusieurs thèmes de rencontres et d’échanges. L’imaginaire et le patrimoine musulman, explorera les domaines du merveilleux en terre d’Islam (Les Mille et une nuits, etc.) et leur influence sur la littérature universelle (2 novembre à 16h30). Le roman algérien d’expression arabe (5 novembre à 15 h) et La littérature arabe contemporaine (idem, 17 h) viendront compléter la rencontre consacrée à l’écrivain Rédha Houhou en tant que précurseur du roman arabe au Maghreb, dénomination injuste car il le fut également au Machreq, ayant écrit son premier roman à la Mecque et étant reconnu aujourd’hui encore par les Saoudiens comme l’une de leurs références littéraires (1er novembre à 13h30). Plus incisif, sans doute, sera le thème du 6 novembre à 16 h), consacré aux tabous dans la culture arabe. Le jeudi 1er novembre à 17 h, la rencontre sur l’œuvre de l’Emir, dont l’Algérie célébrera, l’an prochain, le bicentenaire de la naissance. Le 8 novembre à 16h30 sera consacré aux Voix féminines, réunissant une pléiade d’écrivaines arabes. La traduction, domaine stratégique de l’édition et du savoir, a été retenue comme sujet majeur avec Elites, Nahdha et mouvement de traduction, le 6 novembre à 14 h, et Traductions et apports civilisationnels, le 7 novembre 16 h. Cette vision de la traduction sera précédée et, sans doute, préparée par Circulation des savoirs, l’âge d’or, une conférence de l’historien des mathématiques Ahmed Djebbar, le 2 novembre à 17 h, à lier au thème Beït El Hikma ou l’âge d’or par Cheikh Bouamrane, le 7 novembre à 15 h. Deux rencontres intéressantes au vu de la qualité des intervenants, mais l’usage abusif de l’expression « âge d’or » laisse toujours un goût de nostalgie impuissante, sinon amère. A noter la rencontre Culture et médias avec deux confrères du Liban et Hmida Ayachi et Tayeb Mefti le 4 novembre à 17 h).

LES OUVERTURES VERS LE MONDE

Le SILA, ainsi que la Bibliothèque nationale, est partie prenante du Centenaire Jules Roy (né en 1907), organisé simultanément en France et dans le monde. L’Institut culturel italien s’est distingué en organisant quatre cafés littéraires au SILA, dont l’un sur le polar méditerranéen avec Massimo Carlotto et Yasmina Khadra le 7 novembre à 11h30). Cap sur l’Amérique latine avec les expositions de photographies, consacrées l’une à l’immense poète Pablo Neruda et l’autre, à Lima, ville mauresque, organisée par les ambassades du Chili et du Pérou à Alger. Le Goëthe Institut organisera en ses locaux une rencontre sur La réception de la littérature algérienne en Allemagne, le 3 novembre à 17 h avec Donata Kiselbach, Sofiane Hadjad et Boudjedra. A noter aussi, La coopération franco-algérienne dans l’édition, le 3 novembre à 13 h, Enjeux culturels et mondialisation (idem à 16 h), Le diwan de Tamarit, l’anthologie poétique de Garcia Llorca, organisée par l’Institut Cervantès d’Algérie le 5 novembre à 14 h).

HOMMAGES AUX DISPARUS

Sous le générique « Un jour, une personnalité », des hommages seront rendus à Ferhat Abbas, cheikh Moubarek El Mili, cheikh Brahim Bayoud, Mouloud Kacem Naït Belkacem, Bachir Hadj Ali, Mouny Berrah, Mahfoudh Kaddache et Mostefa Lacheraf. Jacques Berque, pour sa part, fait l’objet d’une rencontre-débat le 4 novembre à 16 h avec Mustapha Chérif et Abdelkader Djeghloul.

LA MUSIQUE AUSSI

La musique aussi, avec la présentation, par Lamine Bechichi, de l’histoire souvent méconnue de l’hymne national Qassaman et son interprétation par l’Orchestre symphonique national, dirigé par le maestro Amine Kouider, le 1er novembre à 14 h. Identités musicales sera le sujet de la rencontre avec Mourad Yellès, Hadj Miliani, Nouredine Saoudi et Salim Khiat. Plus remuant, le Diwan de Biskra et ses musiques de transe sera présent au SILA. Les organisateurs, qui voulaient donner les concerts en plein air, pestent contre la météo.

Consultez le site du SILA : http://www.sila-dz

Par Arts & Lettres

© El Watan.2008

******************************

Une réponse à “Presse

  1. Dans un article, publié par le Quotidien d’Oran le 17/12/2009, page 11, intitulé « Les lentilles et les nantis d’une corruption des cimes », il est rapporté, en Notes, cette référence, que je pense fait allusion au Professeur MILIANI :

    *2- Une enquête initiée et exécutée par un éminent Professeur, a fait ressortir que les murs d’Oran et d’Alger étaient « gardés » par des Hittistes tellement besogneux et occupés comme des abeilles-ouvrières autour de leur ruche, qu’ils remarquèrent cet étrange « enquêteur » qui perdait son temps à ne rien faire !

Laisser un commentaire